Artiste – The Blind

the blind

L’appréhension de mon travail repose sur l’utilisation de nos sens. Et notamment du toucher et de la vue. Depuis 20 ans, je travaille l’art pour aveugle en utilisant le braille et le graffiti braille pour interpeler, interroger et titiller la curiosité de chacun. Mes oeuvres sont composées de phrases utilisant l’alphabet latin et le braille qui se complètent ou se répondent. Vue et toucher, voyants et mal/non-voyants ont besoin l’un de l’autre pour que le message soit perçu. J’aime remettre en perspective la notion d’isolement : qui est isolé de qui lorsqu’un message n’est pas lisible ?
Rendre l’art accessible à tous est le leitmotiv premier de mon développement créatif. En ce sens, depuis quelques années, je cherche à étendre mes recherches au travers de dispositifs artistiques questionnant d’autres sens tel que l’ouïe en travaillant des sérigraphies tactiles et sonores. 
Le voyage est l’une de mes premières sources d’inspirations. Aussi souvent que possible, je sillonne la France et les pays, muni d’un appareil photo et de mon matériel pour « brailler » (demi-sphères moulées, pistolet à colle, grille de braille), à la recherche de spots marquants : exploration urbaine des catacombes, les bidonvilles de Dakar au Sénégal, le lac Baïkal en Russie, le camp de concentration d’Auschwitz en Pologne, la Death Valley aux Etats Unis, ou encore Tchernobyl en Ukraine. Ces sites naturels ou créés, transformés, détruits par l’Homme, saisissants et emprunts d’histoires, m’offrent la capacité de créer in situ des oeuvres singulières, et me fournissent suffisamment de matière à posteriori pour traiter de sujets ciblés auprès de publics n’ayant pas la capacité de les appréhender visuellement. Ma photographie, toujours rehaussée par un texte en braille, me permet de ré-interroger la notion du visible, d’apporter une clé de lecture aux mal/non-voyants, et de pousser le voyant à chercher au-delà de l’image. 
Ma réflexion artistique repose sur des échanges, des rencontres, des discussions avec des centres pour déficients visuels, des professionnels du milieu, médecins, étudiants, artistes, photographes, danseurs,… Traitant tout particulièrement de l’isolement, je travaille également sur les « invisibles » de notre sociétés : migrants, crackheads, sdfs, prisonniers. Ces interactions sont indispensables à ma compréhension du monde et de ses enjeux. J’ai besoin de m’entourer, et de confronter mes idées aux personnes qui sont, en premier lieu, concernées.